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Comprendre le VHIT : ce test qui explore vos réflexes vestibulaires

Le Video Head Impuls Test (VHIT)


Le VHIT est un examen instrumental qui mesure la qualité du réflexe vestibulo-oculaire (RVO), c’est-à-dire la capacité des yeux à rester fixés sur une cible quand la tête bouge rapidement . Concrètement, le patient fixe devant lui un point fixe (un laser ou un objet à environ 1 mètre) pendant que l’examinateur lui réalise de rapides impulsions de la tête (environ 15° de déplacement en ~0,1 seconde) dans le plan de chaque canal semi-circulaire . Des lunettes spéciales équipées de caméras infrarouges enregistrent en temps réel la vitesse du mouvement de la tête et celle du mouvement des yeux . Si la fonction vestibulaire est normale, les yeux se déplacent à la même vitesse que la tête, en sens opposé (gain du RVO ≃ 1) . Si une oreille interne est déficitaire, les yeux bougent moins vite que la tête et le patient doit effectuer une saccade de rattrapage (coup d’œil rapide) pour recadrer le regard sur la cible .

À quoi sert le VHIT ?


Le VHIT permet d’évaluer séparément la fonction de chacun des six canaux semi-circulaires (gauche/droit, antérieur/postérieur) de l’oreille interne . Pour chaque canal testé, on mesure le gain du réflexe vestibulo-oculaire (rapport vitesse oculaire / vitesse de la tête) et on repère la survenue de saccades compensatrices. Cela aide à détecter quel côté de l’appareil vestibulaire est atteint. Par exemple, en cas de vertige aigu unilatéral (comme une névrite vestibulaire), le gain VOR est diminué uniquement quand on tourne la tête du côté malade, et le patient fait des saccades correctrices dans ce sens . En revanche, dans une vestibulopathie bilatérale (atteinte des deux oreilles), le gain est anormal sur les deux côtés (critère diagnostic : gain < 0,6 sur les deux canaux horizontaux selon la Société Bárány) . Le VHIT peut également préciser quels canaux verticaux sont touchés (par exemple, atténuation des canaux antérieurs ou postérieurs), ce qui oriente le diagnostic.


Ce test est donc indiqué dès qu’un dysfonctionnement vestibulaire périphérique est suspecté. Il aide à confirmer l’atteinte d’une oreille interne (canaux semi-circulaires) dans des pathologies telles que la névrite vestibulaire, certaines formes de maladie de Ménière, ou encore les vestibulopathies bilatérales (par exemple dues à une ototoxicité ou au syndrome CANVAS) . Il est également utile lorsqu’on soupçonne une atteinte localisée (ex. canal postérieur seul). En revanche, ce test n’est pas conçu pour diagnostiquer un vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB) – qui implique les otolithes – ni les vertiges d’origine centrale (AVC cérébral, etc.), pour lesquels d’autres bilans sont privilégiés. Le VHIT fait parfois partie du bilan initial devant un vertige aigu (HINTS exam) pour différencier une cause centrale d’une cause périphérique, car un déficit du RVO au VHIT oriente vers une origine périphérique.


Déroulement de l’examen

Le VHIT se pratique en cabinet, en position assise. Le patient porte des lunettes vidéo infrarouges qui enregistrent ses mouvements oculaires (voir photo). Il doit garder les yeux fixés sur une cible stationnaire placée devant lui (comme un petit laser ou un point lumineux). L’examinateur, assis derrière ou face au patient, lui applique plusieurs impulsions rapides et imprévisibles de la tête (pivotant le menton de gauche à droite, puis de haut en bas) . Chaque impulsion est brève et de faible amplitude (environ 10–15° en 0,1 seconde) pour stimuler à haute fréquence un canal semi-circulaire particulier. Les lunettes mesurent simultanément la vitesse de la tête et celle du mouvement des yeux . L’ensemble de l’examen est simple, non invasif et totalement indolore . Il dure quelques minutes : on répète typiquement 10–20 impulsions dans chaque direction (canaux horizontaux droit/gauche), puis on incline la tête pour tester les canaux antérieurs et postérieurs. Si le test montre une asymétrie marquée du RVO, il permet souvent d’éviter des examens plus lourds (comme les tests caloriques) .


Pour qui est-il indiqué ?


Le VHIT est prescrit lorsqu’on suspecte un vertige d’origine vestibulaire périphérique. En pratique, cela inclut notamment le patient ayant un vertige aigu inexpliqué accompagné de nausées, où l’on craint une atteinte vestibulaire (ex. névrite vestibulaire) . Il est également utilisé dans le bilan de patients présentant un syndrome vestibulaire chronique (instabilité visuelle, chutes) pour confirmer une atteinte bilatérale. Par exemple, chez un sujet traité par antibiotiques ototoxiques, un VHIT montrera un gain abaissé sur les deux côtés. De même, on l’emploie quand on soupçonne une pathologie de l’oreille interne (maladie de Ménière, fistule labyrinthique, syndrome de déhiscence du canal semi-circulaire supérieur, etc.) pour affiner le diagnostic. En revanche, chez les patients dont les vertiges évoquent plutôt une origine centrale (accident vasculaire cérébral) ou un vertige positionnel bénin, le VHIT n’est pas le premier examen. On peut dire qu’il est indiqué chez tout patient vertigineux où l’on veut vérifier le rôle des canaux semi-circulaires : il permet de déterminer la « balance » vestibulaire de chaque oreille.


Le rôle du kinésithérapeute vestibulaire formé


Comme le rappelle la SFORL, « pas de rééducation vestibulaire sans diagnostic préalable » . Or, en pratique, un kinésithérapeute vestibulaire formé peut effectuer ce test en cabinet privé dès que le médecin le prescrit. Ainsi, le patient n’a pas forcément à attendre une hospitalisation pour passer un VHIT : son kiné équipé peut réaliser le bilan vestibulaire rapidement. Cela facilite l’accès au diagnostic, renforce la continuité du suivi et améliore la coordination avec le médecin. 


Bénéfices pour la rééducation


Le VHIT améliore la précision et l’efficacité de la prise en charge rééducative. En quantifiant objectivement le gain vestibulaire, il donne au kiné des données de référence pour adapter les exercices. Par exemple, si le VHIT montre une très faible fonction d’un canal horizontal, la rééducation mettra l’accent sur les exercices stabilisant le regard pendant les rotations de tête. De même, lors du suivi, on peut refaire un VHIT après quelques semaines pour mesurer les progrès (gain qui remonte, apparition de saccades précoces compensatrices, etc.) . La Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie recommande d’ailleurs d’utiliser le VHIT pendant la rééducation vestibulaire pour quantifier la fonction aux hautes fréquences et détecter les mécanismes de compensation . En pratique, cela signifie que le kiné dispose d’un retour chiffré sur l’état vestibulaire du patient et peut ajuster précisément les exercices (orientation visuelle, vitesse des mouvements de tête, équilibration). Au final, cette approche fondée sur le VHIT accélère la récupération de l’équilibre et réduit l’incertitude sur la récupération.


Conclusion : Le Video Head Impuls Test (VHIT) est un examen rapide, fiable et indolore pour évaluer le réflexe vestibulo-oculaire aux hautes fréquences. Il permet de diagnostiquer avec précision les atteintes des canaux semi-circulaires et de savoir quel côté est touché. En kinésithérapie vestibulaire, le VHIT renforce le bilan diagnostic et guide la rééducation en fournissant des mesures objectives. Il constitue ainsi un outil précieux pour améliorer la prise en charge des patients vertigineux .


Sources : Principales références consultées pour cet article : la recommandation SFORL 2023 sur les vertiges d’origine vestibulaire , les consensus du Barany Society (classification des vestibulopathies bilatérales) , ainsi que des publications récentes (Waissbluth et al., Audiology Res. 2022 ; Dumas & Miséré, Oto-Rhino Sci. 2023 ). S’y ajoutent des ressources pédagogiques grand public (site de la SFFRV) et des synthèses spécialisées en rééducation vestibulaire. Chaque élément mentionné de l’examen (gain RVO, saccades, protocole) s’appuie sur ces sources médicales et scientifiques reconnues.


— Loïc Taureau, kinésithérapeute vestibulaire, spécialiste des vertiges et troubles de l’équilibre – Saint-Prest (Chartres agglo)


Le vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB)
explications pour le patient